Historique
Chapitre 1
Texte écrit par Daniel JACOPIN Maître- voyageur, Écrivain Public
Il est bien difficile de résumer en trois pages une histoire qui pourrait bien en faire trois cents. Non pas que NEUILLÉ se soit particulièrement distingué au cours des temps, pas plus que les localités voisines, toutes ont vécu dans l'ombre de SAUMUR les épisodes successifs de l'histoire de France, mais à NEUILLÉ, plus qu'ailleurs, il est resté jusqu'à réçemment davantage de traces marquantes des différentes époques.
Et puis, pourquoi le nier, il est vrai que pendant longtemps cette commune fut pour moi, selon le mot du journaliste Jean-Luc PAVOT, le« nombril du monde » et dés que je m'y suis installé, par choix délibéré après avoir trop connu contre mon gré le milieu urbain, je lui ai trouvé un charme irrésistible. Cela tenait à la fois de la configuration des lieux et des diverses personnalités attachantes de ses habitants. Ce fut pour moi un enchantement, après avoir vécu la fin de l'enfance, l'adolescence et le début de ma vie professionnelle en ville, de m'établir dans ce petit coin d'Anjou où enfin les relations devenaient humaines et si naturelles.
Et puis il y avait le café, sur la place, tenu par Mr et Mme LELIAS, des Bretons, ça alors ! Au comptoir, on côtoyait des personnages comme on n'en verra plus1 il y avait par exemple un gars surnommé TOMBEREAU, un des derniers carriers qui avait travaillé un temps dans les caves de BRAIN, il y avait COW-BOY qui vous récitait des pages entières de KANT ou d'autres philosophes, il y en avait bien d'autres, ce n'est pas le propos de les citer tous ici.
Il y avait tous ceux qui venaient rarement au café mais qu'on rencontrait au bout de leur champ ou sur le pas de leur porte. Je me souviens, entre autres, du Père AMIRAULT que je voyais passer comme flottant dans les airs au-dessus du mur de l'école parce que debout sur son tombereau tiré par sa jument blanche, du Père MORTREAU, du Père CARROUX ou du Père THIBAULT qui maniaient si bien la langue française avec un mâtin d'Angevin en travers. Il y avait aussi les femmes, souvent cassées par le travail aux champs, elles n'allaient pas au café. ni à la boule de fort, tout juste on les rencontrait à l'Assemblée. Ici, les plus jeunes me disaient : « Tu vois ben, le p'tit père Untel qu'habite à... ", moi je disais« Monsieur » ou ,, Madame " et puis j'ai fini par dire aussi « le p'tit père », « la p'tite mère ", « le gars » UNTEL en parlant des anciens. Il y avait aussi la Baronne LE PELLETIER DE GLATIGNY qui me refusa une entrevue parce que le mercredi n'était pas son jour de réc eption... .je vous le dis, des personnages comme on n'en verra plus.
Pour saisir tout l'attrait des lieux, il suffit de traverser à pied le village en partant du lieu de /'École Privée en observant attentivement les constructions (faire abstraction de la maison neuve au carrefour de la route de VIVY, avant c'était une maison du XVfmè • avec des fenêtres à meneaux) qui bien que de styles différents sont toutes en harmonie les unes avec les autres, pour arriver sur la place du village, une vraie place de village, l'église, la mairie, l'école, le café, il y avait deux épiceries avant ; ou bien de descendre, toujours à pied, la Haute Rue à partir de la « Grille de Salvert » et d'admirer le château de SALVERT, la VIEILLE CURE et plus loin la symétrie légèrement décalée en profondeur de champ offerte par les bâtiments de « La Poiteviniére " et ceux de « La Haute Rue ", chacun de part et d'autre du chemin. Il existe bien des panoramas intéressants sur le village, en particulier celui qu'on a en venant de BLOU descendant la côte du GR/PEAU, où il se devine niché au creux de la campagne qui faisait irruption avec ses chemins de terre jusque dans l'agglomération.
Chapitre 2
Dans la campagne, justement, on remarquait les LOGES-Neuillé en comptait cinq, il n'en reste plus qu'une, de ces constructions en perches de châtaigner recouvertes d'une toiture de bruyère mâle, une technique de construction héritée des temps préhistoriques, et qui perdura jusqu'à la guerre 39/45. Autre héritage de ces époques reculées, les passerelles monolithiques sur le cours du Suzon et sans nul doute aussi le nom même de ce ruisseau dérivé de « Suze » qui indique un lieu sacré au même titre que les ruisseaux ou rivières qui seront nommés plus tard « Dive » « Divette » ou « Divatte ».
En cueillant les asperges ou en bêchant le jardin, on trouve nombre d'outils en pierre taillée ou polie qui indiquent le passage de l'homme préhistorique dans la contrée mais la commune a définitivement perdu les pierres qui signaient les premières sédentarisations de l'époque néolithique. Il ne reste plus que le nom de lieux-dits attestant de leur existence dans le passé : « LA PIERRE PUCELLE », « LA PIERRE NOIRE », « LA PIERRE AUX PELLETIERS » qui devaient désigner des menhirs et « LE CH ENE -BEIGNET » dont les documents d'archive donnent la description d'un cromlec'h. Tous ces monuments mégalithiques devaient faire partie d'un vaste ensemble cultuel dont il ne reste plus que la « PIERRE SAINT DOUCELIN » sur la commune d'ALLONNES.
Arrivent en suite « nos ancêtres les Gaulois », les Celtes, ils sont Andégaves ou Turonnes peu importe, ils nous laissent en souvenir de leur installation le nom de deux lieux dits« BEL AIR », du nom du dieu solaire BELER (Belenos), rien à voir avec le bon air de la campagne, à cette époque il n'y avait que ça. Ils réinvestissentles lieux sacrés des autochtones de la région en particulier le cromlec'h cité plus haut qui devait bien conventr aux cérémonies druidiques.
Les Romains qui envahissent ensuite le pays vont implanter un nouveau culte, non loin d'un de ceux dédiés à BELER, ce sera la « CYBELLERIE » du nom de la déesse de la terre et des forces naturelles CYBELE. Les lieux répertoriés du culte à cette divinité sont tous souterrains ce qui laisse à penser que rJéjà à cette époque les hommes avaient commencé à creuser dans le tuffeau. Quant aux« PIERRES PLATES » ce seraient bien les traces d'une voie romaine.
A cette époque bien sûr la commune n'existe pas en tant que telle et le territoire semble partagé en deux par le ruisseau ce qui fera dire à Célestin Port (célèbre archiviste de l'Anjou) que bien plus tard encore « à cette date (846) il semble que la villa soit double ». Avec la christianisation qui doit lutter contre les paganismes en tous genres, c'est dans la partie opposée à celle qui rassemble les sanctuaires des cultes gaulois et romains qui vivent en bonne entente que va s'établir la paroisse primitive ce qui explique la position excentrée du bourg par rapport au territoire actuel de la commune.
En 644, Clovis Il détache NULLIACUS de son domaine royal pour en faire don à /'Abbaye St SERGE qu'il vient de fonder à ANGERS. NU LLIACUS (nouveau défrichement= NEU ILLÉ ), l'un des noms de localité le plus anciennement cité dans les textes d'archives du département c'est celui de NEUILLE. L'abbaye jusqu'au B'me siècle eut pour saints patrons St SERGE évidemment et ...St MEDARD.
Chapitre 3
C'est l'époque féodale et son cortège de rivalités et de conflits entre seigneurs alors on fortifie, on creuse. A l'ouest,« BEL EFFRAI », une maison forte avec des tours et murailles, à l'est un château avec chemin de ronde et pont-levis, on n'en voit plus que la motte au-dessus « BEL AIR » et de la « CYBELLERIE », il a donné son nom au canton des « ROCHES » (les lieux nommés« Roche » indiquent toujours un endroit fortifié) et à la « ROCHE CHARDONNET ». La " CAVE AU DIABLE » un souterrain refuge non loin de " BEL EFFRAI » et d'autres dans le secteur de« CHATEAU GANNE » (Raganne ou Ganne signifie en Angevin un petit tunnel tortueux donnant accès à des cachettes), tout à côté les « PERRIN/ERES ».
Pendant presque 100 ans (de 851 à environ 950) l'abbaye St SERGE est bretonne depuis le règne d'Eripsoë jusqu'à celui d'Alain /, rois de BRETAGNE. Il en reste le nom des« BOIS BRETONS » dont les revenus devaient être versés à l'abbaye.
Peu à peu on construit en dur, aussi on creuse toujours mais cette fois pour tirer la pierre de tuffeau et de ce côté-ci de la Loire c'est aussi un vrai gruyère qui mûrit en sous-sol tandis que la su rface se couvre de maisons, de fermes et de manoirs ce qui n'empêche pas certains de continuerà vivre en troglodytes.
Au cours des temps les familles qui s'installent donnent leur nom au lieu-dit : " La MARTINIERE », la « MEMERIE » , la " FOUOUETTERIE », la « HUBERDERIE », les « JOUANNEAUX », la « GIRAUDAIS » etc...Certains sont même étrangesr qui font bâtir la « POITEVINIERE ». Le « BRULIS » évoque une méthode radicale de dé frichage, ailleurs ça s'appelle les « Es sarts » ou I' « Essartage » . Aux « BOUTARDIERES », on boutait les ardents (atteints d'empoisonnement par l'ergot du seigle, une épidémie du Xème au Xllème siècle). Dans le secteur de la « NOLRAIE », « CHAMAUDET », où devraient vivre encore quelques tenants des anciennes croyances pratiquant la magie, s'établissent des moines de l'abbaye de Bourgueil dont le prieur a toutes les prérogatives d'un seigneur au lieu-dit, depuis, la « ROCHE AUX MOINES » .
Au bourg, on construit au Xll•m• siècle l'église (celle que décrit Célestin Port dans son dictionnaire en 1878) avec autour son cimetière. Il y eut aussi à Neuillé, et ce jusqu'après la révolution, deux chapelle s, l'une en face de CHATEAUBRIAND dans la parcelle de la RABAT/ERE (chapelle dite du St Sacrement) et l'autre évidemment à la ROCHE AUX MOINES.
En ces temps-là, Neuillé était au carre four des routes (grands chemins) de l'époque de SAUM UR à LONGUE et de SAUMUR au MANS, d'où le relais de poste qu'on situe dans le bourg à la maison au porche si remarquable à côté de l'actuelle boulangerie. En ces temps-là aussi NEUILLÉ était châtellenie dont dépendait VIVY le bourg que chacun connaît ne date que de 1832 avant il était au VIEUX VIVY) et à ce titre le seigneur de Neuillé avait privilège absolu de passage sur l'Authion. Les habitants de Vivy étaient exemptés de péage mais devaient chacun au seigneur de Neuillé un pain à Noël ainsi qu'une douzaine d'œufs à Pâques et étaient de corvée pour l'entretien des accès au passage de la rivière. Pour ce même droit de passage, les habitants de ST LAMBERT DES LEVEES lui de vaient chacun au seigneur une livre de chanvre par an. Eh oui c'était le temps où on payait l'impôt par les corvées et avec des demi-chapons ou des mottes de beurre, le temps où les nouveaux mariés de l'année étaient tenus de courir et tirer la quintaine cela se passait au lieu-dit " L'ECUSSON ».
Chapitre 4
Cependant, au XVJmr • siècle, la nouvelle route à partir de SAUMUR mit NEUILLÉ légèrement à l'écart du trafic vers Le MANS et vers LONGUÉ-ANGERS. A la veille de la révolution, la châtellenie appartenait au baron de Blou Henri Toussaint Lejumeau, dans le canton des ROCHES, au lieu-dit «Peu Georgis » (que je n'ai jamais pu situer exactement) étaient les fourches patibulaires (le gibet) et curieusement au« PONT DE LA VILLE » il n'y avait pas de pont, c'était un gué.
Changement de régime, Révolution oblige. Le vieux système féodal s'écroule et peu à peu se mettent en place les institutions républicaines.
L'abolition des privilèges c'est la disparitiondes corvées, de la dÎme et autres droits dus à la noblesse et au clergé. Mais comme l'impôt reste nécessaire à toute collectivité, le maire et les officiers municipaux du premier conseil de la commune passeront une bonne partie de l'année 1790 à évaluer les biens de leurs concitoyens afin d'établir le nouveau rôle d'imposition... et il y aura des réclamations !
C'est l'époque du grand chambardement et comme nul n'est censé ignorer la loi :« Nous, maire et officiers municipaux de cette paroisse, assistés de notre secrétaire greffier, sommes transportés au levant de la porte principale de l'entrée de l'église au lieu où I 'assemblée a été convoquée au son de la cloche à la manière ordinaire d'après l'annonce précédemment faite, à laquelle Assemblée... » lecture est donnée des décrets et ordonnances nouvellement promulgués. On emploie encore dans les comptes-rendus les mots de « paroisse »,« communauté » et tout se passe après la messe.
La lecture du registre des délibérations de cette époque révèle quelques morceaux d'anthologie comme par exemple celui du 27 septembre 1792 qui est le procès-verbal de la journée de visite du conseil chez tous les aubergistes, cabaretiers et marchands de cette commune : après vérification, chez le boucher la balance était fausse en outre certains poids ne le faisaient pas et chez deux cabaretiers certains « vaisseaux d'une demi-pinte » n'étaient pas de la bonne mesure, le matériel frauduleux est saisi et le boucher cité devant le tribunal de police municipale.
C'est le début des mesures sociales avec une délibération pour la distribution aux pauvres de la paroisse et le déplacement des officiers municipaux accompagnés de deux mères de famille pour vérifier la qualité du sort réservé à un enfant trouvé placé en nourrice chez une femme de la commune.
C'est l'époque des déclarations patriotiques et des serments de fidélité à la République pour les notables, les élus et le curé, c'est l'époque où certains paroissiens assisteront deux fois à la messe; une première fois à celle célébrée par le curé Girard qui a prêté serment, qui est même élu procureur de la commune de Neuillé, et une deuxième fois, considérée comme la vraie, mais en cachette, à celle célébrée clandestinement par des prêtres réfractaires réfugiés à la ROCHE AUX MOINES.
En Juin 1792 , il est tiré au sort dix hommes parmi les citoyens qui devront se rendre le jour même à Recouvrance rejoindre ceux des autres communes pour former le premier bataillon de grenadiers du canton de BRAIN.
Chapitre 5
On commence à sentir une certaine agitation dans l'air en 1793 avec la succession des délibérations relatives à la distribution de piques aux hommes, la réquisition de la dame Gabrielle Lejeune, veuve du salpêtrier Destouches, pour la récolte et le transport du salpêtre, le recensement des voitures, chevaux, mules, bœufs et autres bêtes de trait et celui des hommes âgés de 18 à 25 ans sur la commune. C'est que les insurgés Vendéens sont aux portes de Neuillé, le 9 Juin 93 SAUMUR est tombé en leurs mains. A Neuillé, on reste fidèle à la Révolution cependant, le 21 Septembre 93, le maire André Saunier fait preuve d'une légère mauvaise volonté en essayant de surseoir à un ordre de réquisition de voitures et d'hommes.
C'est peut-être pour lui le début de la fin car l'année suivante, malgré son certificat de civisme en date du 17 Janvier 94, sur déposition de plusieurs Neuil/éens parmi eux le boucher fraudeur et un des cabaretiers, il est accusé ainsi que le curé Girard de ne pas avoir assisté en 1792 à la plantation de l'arbre de la liberté, d'avoir livré aux Vendéens en Juin 93 le drapeau tricolore et les écharpes municipales et d'autres comportements anti-républicains. Le 5 Mai 1794, Jean Girard et André Saunier sont guillotinés à Angers.
Il manque les délibérations depuis la fin de l'année 1793 jusqu'à l'année 1808. A travers la lecture des registres suivants, on retrouve tous les épisodes de l'histoire de FRANCE dans la succession des serments prêtés par le conseil en place à chaque changement de régime : monarchie, république ou empire on jure fidélité. On ne va pas jouer les séditieux, il faut gérer les affaires communales.
Les époques troublées génèrent de la pauvreté, de la misère. En 1808, le conseil délibère deux fois pour réglementer " le glanage, râtelage et grappillage » en vertu du principe généreux que " toute la portion de fruit qui échappe à la main du moissonneur appartient aux malheureux ». En 1819 le conseil se prononce sur la nécessité d'avoir un garde-champêtre pour faire cesser les rapines et larcins dans les champs, c'est le premier emploi communal créé. Plus tard, entre 1853 et 1857 se seront des mesures en faveur des indigents et pour donner du travail à ceux qui n'en ont pas sur les chemins vicinaux. Et surtout, à partir de 1861 il est souvent fait mention d'un Bureau de Bienfaisance puis ce sera la création de la Société de Secours Mutuel.
En 1833, on délibère à propos du logement et du traitement de l'instituteur puis en 1843 à propos de l'école communale de garçons ensuite il faut penser aux filles. C'est la mise en application de l'instruction obligatoire.
Bref, on voit au cours de ce Xème siècle se mettre en place toutes les structures qui donneront la société dans laquelle nous vivons actuellement.
C'est le temps où le conseil fixe le ban des vendanges car la culture de la vigne est la principale sur la commune, le temps où il règle les litiges qui surviennent à propos de la hauteur des eaux du Suzon retenues par les meuniers pour faire tourner les quatre moulins, c'est le temps du hannetonnage, des prestations en nature, des taxes sur les chiens, c'est le temps où les habitants de Neuillé perdent l'habitude de se réunir à la Chandeleur autour du " Chêne-Beignet » et celle d'aller à la« FONTAINE AU GUE » pour soigner leurs yeux.
Chapitre 6
Mais surtout c'est le siècle de grands travaux et réaménagements sur tout le territoire.
Ça commence par le déplacement du cimetière qui est auprès de l'église encore, en 1808 il est transféré à l'endroit où se trouve actuellement le mouvement aux Morts et son parking, puis en 1868 trop petit et insalubre, il est de nouveau transféré à l'emplacement que nous connaissons de nos jours.
La préoccupation qui va grandissante c'est le réseau des routes et des chemins qu'il faut entretenir et même modifier en fonction des circonstances, par exemple en 1832 le nouveau bourg de Vivy se crée ou en 1841 le canton des Roches qui faisait partie de Vivy est rattaché à Neuillé. Pour les travaux de voirie on aura souvent recours aux prestations, trois jours par an et par homme de la commune pour transporter la pierre et paver les endroits à réparer. Si en 1824 une délibération refuse la construction d'un pont au PONT DE LA VILLE en s'ingéniant à trouver les meilleurs arguments possibles pour contrer une demande émanant de la préfecture, en revanche en 1832 la décision en est prise de la propre initiative du Conseil et avec tous les arguments valables, le conseil en rédige lui-même le cahier des charges et s'occupe de toute la mise en oeuvre. Quand il deviendra de plus en plus difficile de trouver des hommes disponibles pour l'entretien du réseau de communication par les prestations en nature, une délibération de 1876 se prononcera pour l'engagement d'un cantonnier communal, deuxième emploi créé.
En 1856, Mr Le Pelletier entreprend de faire clore son parc par un mur puis en 1862 c'est Salvert lui-même qu'il faut reconstruire, le manoir du XVèmè étant détruit par un incendie. En 1858, c'était GOUPILLON entièrement rebâti sur les bases d'un manoir plus ancien.
La grande métamorphose, malgré ces travaux des particuliers, ne s'opère finalement que dans le dernier quart du siècle. L'aspect général de la commune était resté à peu près identique à lui même depuis des centaines d'années et deux événements majeurs vont changer la physionomie de NEUILLÉ, l'un qui modifie la configuration même du bourg, l'autre qui affectera le paysage de l’ensemble du territoire.
En 1877 débute la construction de la nouvelle église aux frais d'une généreuse donatrice Mme Lehoux. En 1880, elle est achevée mais elle n'est ni du même style, ni au même emplacement, ni dans la même orientation que la précédente qui a été démolie ainsi que deux maisons créant ainsi cette place du bourg qui n'existait donc pas jusqu'à cette époque.
Pendant la durée des travaux la municipalité a loué une grange où sera dite la messe, la grange dite du Père Pignon où fut jusqu'à récemment le garage de Mr Taveau.
Et puis en 1883 ce sont les premiers ravages du phylloxéra ce qui contribuera à la disparition progressive du vignoble.
Chapitre 7
L'entrée dans le XXème se produit donc après un grand lifting. En 1910 c'est le premier éclairage public, 5 lanternes au gaz. Dès 1923, il est évoqué d'adhérer à l'Association des Consommateurs d'Energie Electrique de l'Ouest mais il faudra attendre 1927 pour la signature de la concession avec le Syndicat Intercommunal d'Electricité. Les 5 lanternes seront désormais électriques, ainsi que l'éclairage des bâtiments communaux : mairie, écoles et église. En 1933 on désespère car la réalisation de la 3 èm e tranche des travaux d'électrification totale de la commune se fait un peu attendre mais ce sera terminé en 1934.
Pour le téléphone la demande est faite à partir de 1928. En 1933 une indemnité est votée pour le tenancier du poste téléphonique.
J'ai sous les yeux un descriptif détaillé des commerçants et artisans de la commune que m'avait rédigé Mme Jahiel pour satisfaire ma curiosité. En 1925 donc à Neuillé on comptait 6 épiceries, 1 boulangerie, 1 boucherie, 3 cafés, 2
sabotiers, 1 chaisier, 1 menuisier, 1 charpentier, 1 charron, 1 maréchal forgeron, 1 forgeron, 1 ferblantier chaudronnier, 1 bourrelier, 1 mécanicien vélo, 1 couvreur, 1 maçon, 1 jardinier, 1 bouilleur de cru, 1 bureau de tabac, 1 mercerie, 4 couturières, 2 lingères, 2 nourrices, 3 laveuses. En outre il y avait toujours les 4 moulins, sur le Suzon 2 lavoirs publics et 1 lavoir dans le bourg même sur la grand-rue dans le léger virage à la sortie du bourg vers Blou, sur la droite juste après le café et avant d'arriver au parking du terrain de sport, si vous voyez ce que je veux dire. Et 3 sociétés de boules dont un avec un jeu en plein air.
Dans la rédaction des délibérations , après la tourmente de la guerre 14-18, apparaît petit à petit tout un vocabulaire qui nous est bien familier : assistance, soutien, subvention, prime, syndicats intercommunaux, etc...etc...et on voit s'allonger considérablement l'ordre du jour de chaque réunion ; et encore je me suis arrêté en 1937 sur une délibération relative aux dégradations commises par les véhicules de l'école de Cavalerie lors de manœuvres dans le coin.
Voilà, j'ai écrit 7 pages qui en représentent donc 700 pour résumer une partie de ce que j'ai pu découvrir dans cette commune. Bien sûr je n'ai pas évoqué tous /es lieux-dits, ni l'exploitation des caves, ni la fondation de l'Ecole Privée, ni les réjouissances organisées entre 1920 et 1939, ni...ni...Et puis je me suis arrêté volontairement à la veille de la guerre 39-45. Je laisse à chaque nouvel arrivant le soin de se documenter personnellement sur le vécu du village depuis cette période en se renseignant auprès des anciens, c 1est le meilleur moyen pour lier connaissance et pour jouir du plaisir de la découverte.